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LES TEMPS MAUDITS

plus fort. En passant devant lui, Will se pencha pour lui tirer la langue. Jeannot lança le bras en avant et saisit l’autre par le cou en même temps qu’il lui envoyait sur le nez un coup de son poing osseux : poing d’une maigreur pathétique, mais dont la puissance nocive fut démontrée par le hurlement de douleur de la victime.

Les autres enfants poussaient des cris d’effroi, tandis qu’Eugénie, la sœur de Jeannot, s’élançait dans la maison.

Jeannot jeta Will par terre, lui donna des coups de pied sauvages dans les tibias, puis lui frotta le visage dans la poussière. Et il ne le lâcha qu’après avoir plusieurs fois répété le procédé. La mère arriva sur ces entrefaites comme un tourbillon anémique d’inquiétude et de colère.

— Pourquoi ne me laisse-t-il pas tranquille ? répondit Jeannot à ses reproches. Ne voit-il pas que je suis fatigué ?

— Je suis aussi grand que toi ! hurla Will dans les bras maternels, le visage couvert de larmes, de sang et de poussière. Je suis déjà aussi grand que toi, et je grandirai encore. Alors je te rosserai… tu verras !

— Tu devrais travailler, puisque tu es si