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LES TEMPS MAUDITS
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d’un certain âge. Le contremaître était venu à leur aide, et quelques minutes après, l’atelier contenait un nouveau personnage qui n’y était pas entré par la porte. Jeannot venait de naître, ouvrant les oreilles aux trépidations, craquements et rugissements des métiers, respirant dans son premier souffle l’atmosphère chaude et humide épaissie par les effilochures, toussant dès son premier jour pour s’en débarrasser les poumons ; et depuis, il n’avait cessé de tousser pour le même motif.

Le petit voisin de Jeannot pleurnichait et reniflait : son visage grimaçait de haine contre l’homme qui, de loin, le surveillait d’un œil menaçant ; mais ses bobines tournaient à toute vitesse. L’enfant fulminait de terribles jurons contre les bobines en révolution devant lui : mais sa voix portait à peine à deux mètres de distance, étouffée et comme emmurée par le vacarme de l’atelier.

Jeannot n’y prêtait guère attention, habitué à prendre les choses comme elles viennent. Leur répétition, d’ailleurs, les rendait monotones, et cet incident particulier s’était renouvelé bien des fois. Il jugeait aussi vain de s’opposer au contremaître que de défier la volonté des machines. Celles-ci sont faites