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LE RÊVE DE DEBS

L’homme grimaça un sourire et nous demanda une allumette.

En réponse à Dakon qui l’interrogeait sur les événements, il nous informa que les miliciens désertaient en masse. — Rien à bouffer, expliqua-t-il. On donne toute la mangeaille aux soldats réguliers.

Il nous apprit aussi qu’on avait libéré les prisonniers militaires de l’île Alcatraz, parce qu’on ne pouvait plus les nourrir.

Jamais je n’oublierai le spectacle qui plus loin s’offrit à nos yeux de façon soudaine à un tournant de la route. Les branches des arbres se rejoignaient au-dessus de nos têtes et le soleil filtrait au travers. Des papillons voletaient et le ramage d’une alouette nous parvenait des champs. Et au milieu du chemin était arrêtée une puissante automobile d’excursion. Plusieurs cadavres gisaient dans la voiture et autour. L’histoire se racontait d’elle-même. Les voyageurs, fuyant la ville, avaient été attaqués et arrachés de leurs sièges par une bande de faubouriens, d’apaches. L’affaire datait de moins de vingt-quatre heures. Des boîtes de viande et de fruit récemment ouvertes expliquaient le mobile de l’attaque. Dakon examina les corps.