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LE RÊVE DE DEBS

nover, que depuis ces derniers jours il ne reste pas un seul chien errant dans les rues ?

Je l’avais remarqué sans y songer autrement. Il était grand temps de quitter cette malheureuse ville. Nous arrivâmes enfin à San Bruno Road, que nous devions suivre vers le sud. Je possédais une maison de campagne à Menlo, et c’est là que nous allions. Mais nous ne devions pas tarder à nous apercevoir que la campagne était encore plus dénuée et plus dangereuse que la ville. Dans celle-ci, soldats et syndiqués maintenaient l’ordre, mais la campagne était livrée à l’anarchie. Deux cents mille êtres avaient fui de San Francisco, et nous trouvâmes de nombreuses preuves que leur passage avait produit le même effet que celui d’une nuée de sauterelles.

Ils avaient tout balayé, commettant partout vols et violences. De temps en temps, nous passions devant des cadavres étendus au bord de la route ou devant les ruines noircies de fermes incendiées. Les barrières avaient été abattues, les moissons foulées aux pieds, les légumes arrachés, les animaux de basse-cour égorgés par les hordes faméliques.

À l’écart des routes, quelques fermiers s’étaient défendus à coups de fusils de chasse