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LES TEMPS MAUDITS

Je n’ai pas pris un bon repas depuis une éternité. Je me demande quel goût peut avoir la viande de cheval ?

Nous nous arrêtâmes devant une autre proclamation : « Quand nous croirons nos employeurs disposés à se soumettre, nous ouvrirons les bureaux télégraphiques et nous mettrons en communication avec les associations de patrons des États-Unis. Mais nous ne laisserons passer que les dépêches ayant trait aux conditions de paix. »

Au-delà de Market Street, nous entrions dans le quartier ouvrier. Ici, plus de rues désertes. Les syndiqués s’appuyaient aux chambranles de leurs portes ou causaient en petits groupes. Des enfants jouaient, joyeux et bien nourris, et de plantureuses ménagères bavardaient assises sur le seuil des portes. Tous nous jetaient des regards amusés. Des gosses nous couraient après, en criant : — « Eh ! m’sieu ! ça va, l’appétit ? — Une femme qui allaitait son bébé, cria à Dakon : « Eh ! bouffi ! veux-tu un gueuleton en échange de ton canasson… jambon et frites, gelée de groseilles, pain blanc, beurre et deux tasses de café ? »

— Avez-vous remarqué, me demanda Ha-