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LES TEMPS MAUDITS

en-long. Tout cela était bien étrange. Un certain Nez-fendu prétendait que tout allait de travers. Il admettait que nous devenions forts en additionnant nos forces. Il affirmait qu’aux premiers temps de la tribu, il était juste que les hommes dont la force constituait un danger pour elle fussent supprimés, ceux par exemple qui cassaient la tête à leurs frères ou leur volaient leur femme. Or maintenant, disait-il, la tribu ne devenait pas plus forte, mais s’affaiblissait parce que des hommes doués d’un autre genre de force lui faisaient du mal : des hommes qui possédaient la force du terrain, comme Trois-pattes ; la force du piège à poissons, comme Petite-panse, ou la force de toute la viande, comme Groin-de-porc. Le seul moyen d’en sortir, concluait Nez-fendu, était d’enlever à ces hommes toutes leurs forces mauvaises : de les mettre tous au travail, sans exception, et de ne pas permettre de manger à qui ne travaillerait point.

« Nez-fendu, cependant, formulait des objections à cette théorie. On devait avancer et non reculer : on ne devenait plus fort qu’en unissant ses forces. Si les Mangeurs-de-viande joignaient leurs forces à celles des Mangeurs--