Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE RÊVE DE DEBS

des télégraphistes militaires dans les bureaux de poste, mais les fils avaient été coupés dans toutes les directions. C’était jusqu’à présent le seul acte illégal commis par les grévistes, un acte préconcerté, d’après l’opinion du général. S’étant mis en rapport par sans-fil avec le poste militaire de Bénicia, il avait appris qu’en ce moment même des patrouilles de soldats surveillaient les lignes télégraphiques jusqu’à Sacramento. Une fois même on y avait reçu un appel de cette dernière ville, mais aussitôt, quelque part, les fils furent coupés de nouveau. Le général pensait que dans tout le pays les autorités tentaient des efforts analogues, mais il ne se risquait pas à prédire si ces efforts réussiraient. Ce coupage de fils le tracassait : il ne pouvait s’empêcher d’y voir un détail important d’un plan prémédité par les travailleurs. Il regrettait en outre que le gouvernement n’eût pas réalisé depuis longtemps son projet d’établir un relai de postes sans-fil.

Les jours s’écoulèrent avec une monotonie désespérante. Il n’arrivait rien, et l’émotion commençait à s’émousser. La foule n’encombrait plus les rues. Les ouvriers ne venaient plus dans la ville haute pour voir