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LE RÊVE DE DEBS

faisait déjà sentir, et en leur demandant comment ils comptaient y remédier. Sur le point de sortir, je le retrouvai au vestiaire et le ramenai chez lui dans mon automobile.

— Un fameux coup, cette grève générale, me dit-il, tandis que nous dévalions dans les rues encombrées d’une foule tranquille. C’est un coup assourdissant. La classe ouvrière nous a surpris assoupis et nous a frappés à l’endroit le plus sensible, à l’estomac. Je vais quitter San Francisco, Corf. Croyez-moi, faites-en autant. Filez à la campagne, n’importe où. Vous vous en trouverez bien. Achetez des vivres et réfugiez-vous sous une tente ou dans une cabane. Ici, nos pareils se trouveront bientôt réduits à la famine.

Je ne soupçonnais guère à quel point Bertie Messener raisonnait juste. Je le prenais pour un alarmiste. Pour moi, je me contentais de rester là à suivre la farce. Après l’avoir quitté, au lieu de rentrer droit à la maison, je me mis en quête de nouvelles provisions et fus surpris d’apprendre que les petites épiceries où j’étais allé le matin n’avaient plus rien à vendre. J’étendis mon cercle de recherches jusqu’au Potrero, où j’eus la chance de trouver un autre paquet de bougies, deux sacs de farine