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LE RÊVE DE DEBS

C’était un blasé, du moins en ce qui concernait toutes les choses propres de la vie : son côté immonde n’exerçait aucun attrait sur lui. Ayant hérité de son père et de son oncle d’une vingtaine de millions de dollars placés dans des affaires de tout repos, il n’avait de sa vie accompli le moindre travail producteur, se contentant de courir le monde, de tout voir et de tout faire, sauf se marier. En dépit des attaques résolues de plusieurs centaines de mamans ambitieuses, considéré comme de bonne prise depuis plusieurs années, il ne se laissait pas capturer. Outre sa fortune, il possédait la jeunesse, la beauté et, comme je l’ai dit, la propreté morale. Superbe athlète, ce jeune dieu blond, mariage à part, faisait tout dans la perfection, ne se préoccupait de rien, ne couvait ni ambition ni passions, ni désir même d’exécuter des actes dont il s’acquittait mieux que personne.

— C’est une sédition ! criait un des hommes du groupe.

Et les autres de surenchérir, de parler de révolte, de révolution, d’anarchie même.

— Je ne vois rien de pareil, déclara Bertie. Je me suis promené toute la matinée dans les rues. Partout régnait un ordre parfait. Je