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LES TEMPS MAUDITS

télégramme à prix d’argent ou d’or. Elle devait arriver ce soir. Peut-être meurt-elle de faim. Prêtez-moi donc votre bagnole !

— Vous ne pourriez lui faire traverser la baie, objecta Halstead. Les bacs ne fonctionnent plus. Tenez, voici Rollinson. Eh ! Rollinson, écoutez un peu. Atkinson voudrait faire traverser la baie à une automobile. Sa femme est en détresse, dans le train, à Truckee. Ne pourriez-vous amener la Lurlette de Tiburon pour transborder sa voiture ?

La Lurlette était un yacht de deux cents tonneaux, gréé en goélette.

Rollinson hocha la tête.

— Vous ne trouveriez pas un seul débardeur pour embarquer l’automobile, même si je pouvais faire venir la Lurlette, ce qui, d’ailleurs, m’est impossible, attendu que l’équipage fait partie du Syndicat des gens de mer, en grève comme tous les autres.

— Mais ma femme va mourir de faim ! gémit Atkinson.

À l’autre bout du fumoir, je tombai sur un groupe qui se démenait autour de Bertie Messener. Et Bertie les excitait à sa façon, cyniquement froide. Bertie se souciait peu de la grève, comme de tout le reste, d’ailleurs.