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LES TEMPS MAUDITS

sérieuse. On faisait des gorges chaudes de l’annonce insérée dans les journaux du matin par la Confédération du Travail déclarant qu’elle tiendrait un mois ou un trimestre s’il le fallait. Nous aurions dû cependant le deviner dès ce premier jour en constatant que la classe ouvrière ne prenait aucune part à la ruée vers les provisions. Naturellement : depuis des semaines et des mois, elle avait adroitement et discrètement accumulé des réserves. Voilà pourquoi on nous laissait nettoyer les petites épiceries du quartier populeux.

Ce fut seulement dans l’après-midi, en arrivant au club, que je commençai de ressentir les premières alarmes. Plus d’olives pour les cocktails, et le service procédait par à-coups. La plupart des membres paraissaient irrités, quelques-uns tracassés.

Un tumulte de voix accueillit mon entrée. Le général Folsom, sa vaste panse étalée sur une banquette dans l’embrasure de la fenêtre du fumoir, se défendait contre une demi-douzaine de messieurs excités qui l’exhortaient à faire quelque chose.

— Que voulez-vous que je fasse de plus ? disait-il. Je ne reçois aucun ordre de Washington. Que l’un de vous envoie un télégramme