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LES TEMPS MAUDITS

Poil-de-Carotte, à son tour, affamé par ce récit, fit griller un morceau de viande d’ours sur les charbons.

— Mais pourquoi ne vous révoltiez-vous pas tous ensemble pour tuer Trois-pattes, Groin-de-porc, Gros-bedon et tous les autres et trouver de quoi vous mettre sous la dent ? demanda Froussard-de-nuit.

— Parce que nous ne saisissions pas, répondit Barbe-en-long. Il fallait penser à trop de choses ; et puis il y avait les gardes qui nous criblaient de coups de javelots, et Gros-bedon qui parlait de Dieu, et le Scarabée qui entonnait de nouvelles chansons. Quand un homme pensait juste et exprimait sa pensée, Face-de-tigre et les gardes l’emmenaient et l’attachaient sur les rochers à marée basse pour qu’il fût noyé à marée montante.

« C’était un phénomène bien étrange, la monnaie : tout comme les hymnes du Scarabée. Cela sonnait très bien, mais ne valait rien, et nous étions lents à le comprendre. Dent-de-chien se mit à amasser les coquillages. Il en entassa une énorme pile dans sa hutte de roseaux que les gardes surveillaient nuit et jour. Et plus il en amoncelait, plus ils