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LA FORCE DES FORTS

« Chose inouïe : quand Petite-panse attrapait trop de poissons et devait en vendre beaucoup pour peu d’argent, il en rejetait une grande partie dans la mer, de façon à tirer du reste un plus gros bénéfice. Trois-Pattes, de son côté, laissait de vastes champs en friche dans le dessein de récolter plus d’argent de son blé.

« Enfin, comme les femmes confectionnaient tant de chapelets de coquillages qu’il en fallait beaucoup pour effectuer le moindre achat, Dent-de-chien arrêta la fabrication de la monnaie. Alors les femmes, se trouvant sans travail, prirent la place des hommes. Occupé dans un piège à poissons, je gagnais un chapelet de monnaie tous les cinq jours. Mais quand ma sœur me remplaça, elle ne reçut qu’un chapelet tous les dix jours. Les femmes travaillant à meilleur marché, on avait moins à manger, et Face-de-tigre nous conseilla de nous faire gardes. Cela m’était impossible à cause de ma jambe trop courte, et Face-de-tigre ne voulut pas de moi. Beaucoup d’autres se trouvaient dans le même cas. Nous étions des hommes démolis, capables au plus de mendier de l’embauche ou de soigner les nourrissons pendant que les femmes trimaient. »