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LES TEMPS MAUDITS

car il savait garder toute la vigueur de son poing tant qu’il tenait sur ses jambes.

Les seconds de Rivera ne le soignaient qu’à demi dans les intervalles des reprises. Leurs serviettes ne s’agitaient que pour la forme, mollement, sans chasser beaucoup d’air dans les poumons pantelants de leur homme. Hagerty-l’Araignée lui prodiguait des conseils, mais Rivera n’était pas dupe : c’étaient de mauvais conseils.

Au quatorzième round, il abattit de nouveau Danny et resta debout, immobile, les bras ballants, pendant que l’arbitre comptait les secondes. Du coin opposé, il avait surpris des chuchotements suspects. Il vit Michel Kelly se diriger vers Roberts, se pencher et lui murmurer quelques mots à l’oreille. Avec son ouïe de félin, Rivera saisit des bribes de leur conversation, mais il désirait en entendre davantage, et lorsque son adversaire se releva, il fit en sorte de l’acculer dans un « clinch » contre les cordes :

— … Il le faut !… Il faut absolument que Danny gagne — sinon j’y perds une fortune… J’ai misé de grosses sommes… de l’argent à moi… S’il dure jusqu’au quinzième, je suis fichu… Il t’écoutera, toi. Parle-lui !