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LES TEMPS MAUDITS

mercenaire, pour l’odieuse combinaison du gringo. Il s’était résigné à servir de tête de Turc aux autres, dans la tente des entraîneurs, uniquement parce qu’il crevait de faim. Le fait qu’il était admirablement charpenté pour la boxe n’était point entré en ligne de compte. Il lui répugnait de se battre à coups de poing pour de l’argent. Il lui avait fallu entrer à la Junte pour tâter de ce métier, et il y avait trouvé un moyen facile de s’emplir les poches. Il n’était pas le premier fils d’Adam qui eût remporté le succès dans une profession honnie.

D’ailleurs, il n’analysait pas ses sentiments. Seul, un fait s’imposait à son esprit : il devait gagner la partie. Il ne pouvait, à ses yeux, y avoir d’autre résultat. Car, derrière lui, stimulant sa foi, existaient des forces beaucoup plus profondes que n’eût pu s’imaginer cette salle comble. Danny Ward combattait pour l’argent et pour toutes les satisfactions matérielles que cet argent lui promettait. Mais les causes qui poussaient Rivera sur le ring embrasaient son cerveau : assis maintenant tout seul dans son coin, dans l’attente de son rusé et perfide adversaire, les yeux grands ouverts sur cette foule houleuse, il revoyait