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POUR LA RÉVOLUTION MEXICAINE

procurait un atout précieux dans le petit jeu qui consiste à faire son chemin dans le monde. Mais au fond, il était combatif, calme, résolu et pratique. Le reste était un masque. Ceux qui le connaissaient ou avaient affaire à lui disaient que si on en venait à parler chiffres, il redevenait aussitôt « Danny-rubis-sur-l’ongle ». Il assistait à toutes les discussions d’affaires, et certains prétendaient que son manager n’était qu’un paravent n’ayant pour toute fonction que de servir de porte-parole à Danny.

Rivera était d’une autre pâte. Il avait dans les veines un mélange de sang indien et espagnol. Il se tenait à l’écart dans un coin, silencieux, immobile, se bornant à promener d’un visage à l’autre un œil noir qui enregistrait tout.

— Ah ! Voilà le gars ! fit Danny, en jetant sur son futur adversaire un regard appréciateur. Comment cela va-t-il, mon vieux ?

Les prunelles de Rivera flamboyaient de haine et il ne daigna pas répondre à ce cordial accueil. Il détestait tous les gringos et avec une soudaineté qui, même chez lui, était rare, il ressentit pour celui-ci une aversion instinctive.