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POUR LA RÉVOLUTION MEXICAINE

l’aurais pas reconnu. Je lui ai donné un demi-dollar et un bon repas. J’aurais voulu que tu le voies s’empiffrer : depuis deux jours, il n’avait rien eu à se mettre sous la dent. Bon ! me dis-je, on ne le reverra plus ! Mais voilà que, le lendemain, il reparaît, tout endolori, pouvant à peine remuer, mais prêt pour un autre demi-dollar et la croûte. Et, avec le temps, il a fait des progrès. Il est né batailleur et il est coriace. Il encaisse, c’est à ne pas croire. À la place du cœur, il a un morceau de glace. Il n’a pas prononcé onze mots de suite depuis que je le connais. Celui-là s’entend à la besogne !

— Oui, je l’ai vu, dit le secrétaire. Il en a abattu pas mal pour toi.

— Tous les meilleurs de mes élèves se sont essayés sur lui, poursuivit Roberts, et il a retenu quelque chose de ces rencontres. J’en connais qu’il aurait pu rosser, mais cela ne lui disait rien. Il avait l’air d’y aller avec répugnance comme si on l’y forçait.

— Il s’est battu dans les petits clubs, ces derniers mois ? demanda Kelly.

— Pour sûr, je ne sais pas ce qu’il lui a pris, mais tout d’un coup il a mis du cœur à l’ouvrage et a rossé tous les petits gars de la