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LES TEMPS MAUDITS

Le secrétaire de Kelly, jeune homme d’allure nettement sportive, ricana ostensiblement :

— Eh bien, fit Kelly rompant le silence hostile, tu connais Roberts. Il devrait être ici, je l’ai fait demander. Assieds-toi et attends, mais ne te fais pas d’illusion : tu n’as pas la moindre chance contre lui. Je ne puis offrir à mon public un match de quatre sous. Les places de premier rang se vendent à quinze dollars pièce, tu le sais.

Roberts arriva, dans un léger état d’ébriété. C’était un grand diable, maigre et osseux, désarticulé tel un pantin, à la démarche traînarde comme son parler nasillard et lent.

— Dis-moi, Roberts, tu te targues d’avoir découvert ce petit Mexicain. Tu sais que Carthey s’est cassé le bras. Et voilà cet avorton de jaune qui a l’aplomb de s’offrir pour remplacer Carthey. Qu’en dis-tu ?

— Ça colle, Kelly, fit la voix pâteuse. Il sait se battre.

— Tu vas sans doute me dire tout à l’heure qu’il est à même de rosser Ward ? s’exclama Kelly d’un ton goguenard.

Roberts prit son temps et, tel un juge rendant un arrêt, répondit :