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LES TEMPS MAUDITS

je viens d’apprendre qu’il a réglé la note du fournisseur de papier : cent quarante dollars !

— Toutes ces absences me semblent louches ! Jamais il ne s’explique à leur sujet.

— Nous devrions mettre un des nôtres à ses trousses, proposa Ramos.

— Je ne voudrais pas être celui-là, dit Vera. Vous ne me reverriez, je le crains, que pour m’enterrer. Il doit avoir une terrible passion, et il ne tolérera pas que Dieu même s’interpose entre elle et lui.

— Devant lui, je me sens faible comme un enfant, je l’avoue, fit Ramos.

— Pour moi, dit Arrellano, savez-vous ce qu’il représente ? L’être primitif par excellence dans toute sa force, le loup, le serpent à sonnettes ou le scolopendre qui tuent leur victime d’un coup de dent.

— C’est la révolution incarnée ! reprit Vera. Il en est la flamme et l’esprit, l’insatiable soif de vengeance qui assassine dans l’ombre sans un bruit : c’est l’Ange de la Destruction qui opère dans les ténèbres de la nuit.

— Il m’inspire de la pitié, déclara May Sethby — une pitié à m’arracher les larmes ! Il n’a ni amis ni connaissances, il hait tout le