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POUR LA RÉVOLUTION MEXICAINE

fer pour garder cet air-là, et ce n’est qu’un gamin !

Cependant, ils ne se sentaient pas le moins du monde attirés vers lui. Jamais il n’ouvrait la bouche, ni pour causer, ni pour poser des questions, donner un conseil ou un avis. Il restait là, impassible, dénué de toute expression ; le regard froid et perçant, il écoutait leurs conversations quand parfois ils s’échauffaient dans leurs polémiques sur la Révolution. Son œil allait de l’un à l’autre, s’arrêtait sur l’interlocuteur, avec une flamme qui le pénétrait comme une vrille incandescente.

— Un espion, ce gosse-là ? Jamais ! confia un jour Vera à May Sethby. C’est un patriote — et le plus fervent de nous tous, tu m’entends bien ! Je le sens, ma tête et mon cœur me le disent. Par ailleurs il demeure une énigme pour moi. Ce type-là me dépasse !

— Il a un fichu caractère, en tout cas, dit May Sethby.

— Je le sais, répliqua Vera en frémissant. Il vous regarde avec des prunelles menaçantes et sauvages comme celles d’un tigre. Si je trahissais la « Cause », il me tuerait, j’en suis sûr. Cet être manque de cœur, il n’a pas plus de pitié qu’une lame d’acier, il est froid comme