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POUR LA RÉVOLUTION MEXICAINE

eux, mais certains jours le sort de la Révolution semblait dépendre de quelques dollars de plus ou de moins. Dès la première crise, alors que le loyer était de deux mois en retard et que le propriétaire menaçait d’expulsion, Felipe Rivera, le petit gratteur de planchers aux vêtements minables, usés jusqu’à la corde, déposa soixante dollars en or sur le bureau de May Sethby. Une autre fois, trois cents lettres dactylographiées attendaient sur les tables, faute de timbres-poste pour les expédier : demandes de secours, d’approbation de la part de groupements d’ouvriers syndiqués, de rectification de fausses nouvelles parues dans la presse, protestations contre la partialité des tribunaux américains envers les révolutionnaires, etc. La montre de Vera avait disparu — la vieille montre à répétition qu’il tenait de son père. May Sethby ne portait plus à son troisième doigt l’anneau d’or qui l’encerclait naguère. Les deux objets avaient pris le même chemin. La situation était sans issue. Ramos et Arrellano se tiraient leurs longues moustaches de désespoir. Les lettres devaient partir, et les autorités postales ne faisaient pas crédit aux acheteurs de timbres. Rivera prit alors son chapeau et