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LA FORCE DES FORTS

« Parfois, quand la pêche était abondante ils ne savaient que faire de leur part. Aussi Lion-de-mer embaucha-t-il des femmes pour fabriquer de la monnaie en coquillages, des piécettes rondes et bien polies et percées d’un trou, qu’on enfilait et dont chaque chapelet représentait une certaine valeur.

« Chacun de ces chapelets équivalait à trente ou quarante poissons ; mais aux femmes qui confectionnaient un de ces chapelets par jour il allouait tout simplement deux poissons. Ce poisson provenait des parts de Dent-de-chien, Gros-bedon et Lion-de-mer, qu’ils ne pouvaient consommer entièrement. Ainsi toute la monnaie leur appartenait. Puis ils déclarèrent à Trois-pattes et autres propriétaires de terrain qu’il fallait désormais leur payer en monnaie leurs parts de blé et de tubercules : ils réclamèrent de la monnaie à Petite-panse pour leur part de poisson, et en exigèrent de Groin-de-porc pour leurs parts de chèvres et de fromage.

« Ainsi l’homme qui ne possédait rien travaillait pour celui qui avait quelque chose, et était payé en monnaie. Avec ce moyen d’échange il achetait du blé, du poisson, de la viande et du fromage. Trois-pattes et autres