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LES TEMPS MAUDITS

besogne que lui allaient leur petit train-train et en abattaient pour un dollar soixante-quinze cents par jour.

Au bout de la troisième journée, il put gagner la même somme. Mais, ambitieux qu’il était, il ne se souciait guère d’aller son petit train-train, et le quatrième jour il reçut deux dollars.

Le lendemain, au prix d’une tension nerveuse épuisante, il parvint à deux dollars et demi. Ses camarades le gratifièrent de grognements et de regards sombres, ainsi que de remarques spirituelles en argot incompréhensible pour lui, où il était question de lécher les bottes au patron, gâter le métier, de se mettre à l’eau pour se garer de l’averse.

Il s’étonna de leur manque d’empressement pour le travail aux pièces, fit des généralisations sur la paresse congénitale des manœuvres et trouva moyen, le lendemain, de clouer pour trois dollars de boîtes.

Ce soir-là, en sortant de l’usine, il fut interpellé par ses camarades à grand renfort de jurons et d’argot. Il ne comprenait pas le motif de leur façon d’agir, mais elle fut catégorique. Comme il refusait de ralentir son zèle et poussait des bêlements sur la liberté et la