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UNE TRANCHE DE BIFTECK

à la base du crâne, et Sid Sullivan lui soufflait une pluie d’eau rafraîchissante sur la figure et la poitrine. On lui avait déjà enlevé ses gants, et Sandel, penché sur lui, lui serrait la main. Il n’éprouvait aucun ressentiment contre l’homme qui venait de le terrasser, et il lui rendit son étreinte avec une cordialité qui provoqua une protestation de ses jointures en piteux état. Puis Sandel s’avança au milieu du ring et le public arrêta son tumulte pour l’entendre accepter le défi du jeune Pronto et porter à cent livres le pari supplémentaire.

King demeura apathique pendant que ses seconds épongeaient l’eau qui lui ruisselait sur le corps, puis lui séchaient le visage et l’apprêtaient à quitter la plate-forme. Il se sentait affamé : non pas d’une faim ordinaire, de cette faim qui vous ronge, mais d’une grande faiblesse accompagnée d’une palpitation au creux de l’estomac, et qui se communiquait à son corps tout entier. Il se rappela ce moment du combat où il tenait Sandel en équilibre instable et prêt à osciller vers le plateau de la défaite.

Ah ! le morceau de bifteck lui aurait permis de s’en tirer ! Il ne lui avait manqué que cette