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UNE TRANCHE DE BIFTECK

d’efforts et se battait résolument ; néanmoins, il continuait à compter sur son principal atout, qui était la jeunesse.

L’atout principal de King était l’expérience. Au fur et à mesure des années, et plus pâlissait sa vitalité et s’atténuait sa vigueur, il les avait remplacées par la ruse, par une prudence née de longues rencontres, et par une soigneuse économie de ses forces. Il avait appris non seulement à s’abstenir de mouvements superflus, mais encore à suggérer à son rival de gaspiller son énergie. À maintes reprises, par des feintes de pied, de main ou de corps, il poussa Sandel à des sauts en arrière, à des esquives et parades inutiles. King se reposait, sans jamais laisser l’autre en faire autant. Telle est la stratégie du boxeur âgé.

Au début de la dixième reprise, King commença d’arrêter les attaques de l’autre par des directs de gauche au visage, et Sandel, rendu prudent, répondit en se découvrant à gauche, puis esquivant le coup et frappant du droit sur le côté de la tête. Le coup porta trop haut pour produire tout son effet ; mais en le recevant, King éprouva la sensation bien connue d’un voile noir s’abattant à travers son esprit. Pendant un instant, ou plutôt pendant une