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UNE TRANCHE DE BIFTECK

siasme du public par la rapidité de ses attaques en tourbillon. Il écrasa King d’une avalanche de coups, que l’autre encaissa sans sourciller, sans frapper une seule fois, se contentant de se couvrir, de parer, de se baisser ou de se coller en corps à corps pour esquiver les horions. De temps à autre, il faisait des feintes, secouait la tête quand un coup portait de tout son poids, et n’accomplissait que des mouvements lourds, sans élans ni bonds, sans perdre un atome de force : sa discrétion d’homme mûr l’avertissait qu’il fallait laisser mousser cette jeunesse avant de rendre coup pour coup.

Tous les mouvements de King étaient lents et méthodiques, et ses yeux aux lourdes paupières et aux regards alanguis lui donnaient l’apparence d’un homme à demi endormi ou aveuglé par un excès de lumière. Cependant, rien n’échappait à ces yeux-là, habitués à tout voir par un entraînement de plus de vingt ans dans l’enclos de boxe. Ces yeux-là ne clignaient ni ne vacillaient en voyant arriver un coup, mais regardaient tranquillement en mesurant la distance.

Pendant la minute de repos qui suivit cette première prise, assis dans son coin de la plate--