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UNE TRANCHE DE BIFTECK

danse légère et revenant dans une danse menaçante.

C’était une démonstration éblouissante, et le public hurla son approbation. Mais King n’était pas ébloui. Il avait soutenu trop de combats, et contre trop de jeunes, pour ne pas apprécier à leur juste valeur ces coups trop rapides et trop adroits pour être dangereux. Évidemment, Sandel voulait précipiter les événements dès le début. Il fallait s’y attendre. C’était la manière de la jeunesse, avide de dépenser sa valeur superbe en folles révoltes et furieuses attaques, d’accabler l’adversaire sous sa force glorieuse et son désir sans limites.

Sandel avançait et reculait, surgissait à droite, survenait à gauche, léger de jambes et ardent de cœur, miracle vivant de chair blanche et de muscle offensif, s’échappant et bondissant comme une navette, accomplissant entre deux mouvements toute une série de gestes intermédiaires, combinés en vue de démolir Tom King, cet obstacle interposé entre lui et la fortune. Et Tom King, avec patience, endurait tout cela. Il connaissait son affaire et comprenait la jeunesse maintenant qu’elle ne lui appartenait plus. Rien à