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LES TEMPS MAUDITS

mes dettes, avec un peu de reste. Si je perds, je n’aurai rien, pas même de quoi prendre le tram pour rentrer. Le secrétaire m’a donné tout ce qui revient au perdant. Adieu, ma vieille ! Si je gagne, je reviendrai tout de suite à la maison.

— Et je t’attendrai ! lui cria-t-elle dans le vestibule.

Il avait deux bons kilomètres à parcourir pour arriver à la Gaîté, et en cheminant il se souvenait que dans ses jours de gloire, quand il était champion des poids lourds pour la Nouvelle Galles du Sud, il serait allé au combat en voiture, accompagné sans doute par quelque gros parieur qui aurait payé la course. Voyez Tommy Burns et ce nègre yankee, Jack Johnson : ils roulaient en automobile. Et lui allait à pied ! Tout le monde sait qu’une marche de deux kilomètres n’est pas une fameuse préparation pour un combat.

Il se sentait vieux, et les patrons ne s’arrangent pas très bien avec les vieux. Il n’était plus bon à rien qu’à du travail de manœuvre, et même là-dedans, son nez brisé et son oreille enflée militaient contre lui. Il se surprit à regretter de n’avoir pas appris un métier : cela valait mieux, au bout du compte. Mais