Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES TEMPS MAUDITS

Celles-ci, alors gonflées pendant l’effort, se rétrécissaient toujours ensuite, mais jamais tout à fait : chaque fois, de façon imperceptible, elles demeuraient un peu plus grosses. Il examinait fixement ses mains, et un instant il crut les revoir dans toute leur jeune splendeur, avant que sa première jointure se fût brisée sur la tête de Benny Jones, surnommé la Terreur du Pays de Galles.

Il éprouva de nouveau une sensation de faim non satisfaisante.

— Bon sang ! Ce que je mangerais volontiers un morceau de bifteck ! murmura-t-il avec un juron étouffé et en serrant ses poings énormes.

— J’ai essayé chez Burke et chez Sawley, dit sa femme en manière d’excuse.

— Et ils n’ont pas voulu te faire crédit ?

— Pas d’un centime, a déclaré Burke.

Elle hésita.

— Continue. Qu’a-t-il dit ?

— Il m’a dit qu’à son avis Sandel te battrait ce soir, et que nous lui devions déjà une somme rondelette.

Tom King grogna, mais ne répondit point. Il songeait à certain bull-terrier que dans sa jeunesse il avait nourri de biftecks pendant un