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LES TEMPS MAUDITS

brutalité pour ses apparitions en public. En dehors du ring, c’était un homme paisible et de bon caractère, un peu trop enclin dans sa jeunesse à ouvrir sa bourse alors bien garnie. Sans rancune, il ne se connaissait guère d’ennemis.

La bataille représentait pour lui une affaire. Sur le ring, il frappait pour faire mal, pour paralyser, pour détruire, mais sans animosité, dans un but purement professionnel. Des foules de gens s’assemblaient pour voir des hommes se mettre mutuellement hors de combat. Le gagnant empochait la majeure partie des enjeux. Lorsque, voilà vingt ans, Tom King s’était rencontré avec Wouloumoulou-l’Esquive, il savait que la mâchoire de celui-ci n’était guérie que depuis quatre mois, après avoir été brisée dans un assaut à Newcastle. Orientant sa tactique d’après ce renseignement, il avait brisé de nouveau cette mâchoire à la neuvième reprise, non qu’il entretînt la moindre cruauté contre l’Esquive, mais parce que c’était le seul moyen de venir à bout de lui et de gagner la forte somme. Et le vaincu ne lui en voulut pas le moins du monde. C’était la règle du jeu : tous deux la connaissaient et l’observaient.