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LES TEMPS MAUDITS

ser des fossés pour l’écoulement des eaux et de cultiver le riz.

Van Hooter secoua la corde, et Ah-Cho oublia le Traité de la voie tranquille. Le couperet s’abattit avec un bruit mat et découpa très nettement une tranche de bananier.

— Magnifique ! s’exclama le maréchal des logis, s’arrêtant en train d’allumer une cigarette. Magnifique, mon ami !

Van Hooter parut enchanté de cet éloge.

— Allons, Ah-Chow, dit-il en langue tahitienne.

— Mais je ne suis pas Ah-Chow… commença le pauvre diable.

— Silence ! fut la réponse. Encore un mot et je te casse la caboche !

Le surintendant le menaçant du poing, Ah-Cho se tut. À quoi bon protester ? Ces diables d’étrangers n’en faisaient jamais qu’à leur tête. Il se laissa attacher sur la planche verticale de même hauteur que son corps. Van Hooter serra les boucles si fort que les courroies entrèrent dans la chair du condamné et lui firent mal. Mais il ne se plaignit pas. Ses souffrances ne dureraient pas longtemps. Il sentit la planche basculer en position horizontale et ferma les yeux.