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LA FORCE DES FORTS

fracassée ou le corps traversé par un javelot. Tandis qu’une des sentinelles se trouvait de garde sur la crête, un autre homme lui enlevait sa femme et le veilleur descendait se battre ; puis l’autre veilleur, redoutant un sort pareil, descendait également. Des querelles du même genre éclataient entre les dix hommes toujours en armes, si bien qu’ils se battaient cinq contre cinq et que certains d’entre eux s’enfuyaient vers la côte, poursuivis par les autres.

« En fin de compte, la tribu demeurait sans protection et aveugle. Loin de posséder la force de soixante, nous n’avions plus de force du tout. Réunis en grand conseil, nous établîmes nos premières lois. Je n’étais guère qu’un bambin à l’époque, mais je m’en souviens comme si cela datait d’hier. Pour être forts, disait-on, nous ne devions pas nous battre entre nous. Dorénavant tout homme qui en tuerait un autre serait tué par la tribu. D’après une autre loi, quiconque volerait la femme du voisin serait également mis à mort. Car si le possesseur d’un excédent de force l’employait contre ses frères, ceux-ci vivraient dans la crainte, la tribu se désagrégerait et nous redeviendrions aussi faibles que quand les