Page:London - Le rêve de Debs, trad Postif, paru dans Regards du 7 au 28 mai 1936.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Il demeurait seul. Touché de sa fidélité, et apprenant qu’il n’avait rien mangé de la journée, je partageai mes vivres avec lui. Nous fîmes cuire la moitié du riz et du lard, réservant le reste pour le lendemain.

J’allai me coucher sur ma faim et m’agitai toute la nuit sans pouvoir dormir. Je découvris au matin que Brown m’avait abandonné et, pis encore, avait emporté le reste du riz et du lard.

Au club, je trouvai une poignée d’hommes bien misérables. Plus de service du tout : le dernier serviteur venait de partir. Je remarquai la disparition de l’argenterie, et je devinai son destin. Le personnel ne l’avait pas volée, pour la bonne raison, je présume, que les membres en avaient déjà disposé par une méthode très simple. Au sud de Market Street, dans les logements ouvriers, les ménagères avaient fourni en échange des repas substantiels.

Je retournai chez moi. Effectivement, mon argenterie s’était aussi envolée, à l’exception d’une cruche massive, que j’enveloppai de papier et emportai au sud de Market Street.

Après un bon repas, je me sentis mieux et revins au club pour voir si la situation se modifiait. Hanover, Collins et Dakon en sortaient. Ils me dirent qu’il n’y avait plus personne à l’intérieur et m’invitèrent à me joindre à eux. Ils allaient quitter la ville sur les chevaux de Dakon ; celui-ci mit le dernier à ma disposition.