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LE VAGABOND DES ÉTOILES

seras libre de prendre un bain, de te raser, et tu recevras des vêtements propres. Tu auras six mois pour te tourner les pouces, au régime d’excellente nourriture de l’Infirmerie. Après quoi, tu passeras homme de confiance et seras attaché à la Bibliothèque. Tu ne peux vraiment pas me demander d’être plus gentil que je ne suis. En parlant, tu ne vends personne. Tu es le seul à San Quentin qui sache où est la dynamite. Pas un de tes camarades n’en sera compromis. La conscience la plus chatouilleuse ne peut s’offusquer de te voir céder. Il n’y a donc que des avantages à ce que tu parles. Au cas contraire…

I] y eut un silence, et le gouverneur esquissa un geste significatif.

— Au cas contraire… Eh bien ! tu commenceras sur-le-champ les dix jours de camisole.

Cette perspective avait de quoi m’épouvanter. J’étais si débile que j’étais persuadé, non moins que le gouverneur Atherton, que ces dix jours équivalaient à un arrêt de mort.

En cette minute terrible, je me souvins fort à propos du système Morrell. L’instant, ou jamais, était venu de le mettre en pratique et d’avoir foi en lui. Je ne baissai pas les yeux et souris au gouverneur Atherton. Ce sourire, était celui d’un croyant, et d’un croyant était la calme proposition que je lui formulai :

— Gouverneur ! Regardez mon sourire. Si, dans dix jours, lorsque je serai délacé, vous le trouvez encore sur mes lèvres, consentez-vous à me donner un paquet de Durham, et deux autres à Morrell et à Oppenheimer ?

— Les voilà bien, ces intellectuels ! grogna en sourdine le capitaine Jamie. Ils se croient supérieurs aux autres hommes et les bravent, dans leur orgueil.

Le gouverneur Atherton, qui était colérique de sa nature, éclata. Il prit ma proposition pour une bravade et clama :

— Ce que tu viens de dire, Darrell, te vaudra d’être serré d’un cran de plus !