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DES TAPOTEMENTS DANS LA NUIT

soin, et longuement, et je puis assurer que son opposition à tout amusement était une question de tempérament moral et non de nature physique.

Je connaissais toutes mes mouches, je vous l’affirme, sur le bout du doigt. J’étais stupéfait de discerner la multitude des différences qui existaient entre elles. Oui, chacune d’elles avait sa personnalité bien tranchée. Elles se distinguaient les unes des autres par leur taille, leur différence de force, la rapidité diverse de leur vol, leur talent à éluder ma poursuite, à piquer droit comme un trait, vers un but donné, ou à voler en tournant avant de l’atteindre, lorsqu’elles fuyaient ma main qui les chassait de la fameuse zone.

Des particularités plus subtiles, trahissant des caractères dissemblables, existaient pareillement entre elles. Il y en avait une, particulièrement grosse et mauvaise, qui se mettait parfois à tournoyer comme une vraie furie. Tantôt elle s’attaquait à moi, et tantôt à ses compagnes. Une autre… Vous avez vu, dans un pré, un poulain ou un veau lever subitement le derrière, en une ruade imprévue, et partir au triple galop, droit devant lui. Affaire de donner un exutoire à sa vitalité débordante et à son humour. Eh bien, il y avait une mouche (c’était, soit dit en passant la meilleure joueuse de toutes) qui n’avait d’autre plaisir que de venir rapidement se poser, trois ou quatre fois de suite, sur mon tabac. Et, lorsqu’elle avait réussi à éluder le coup attentif et velouté de ma main, elle entrait en une telle animation, en une telle joie, qu’elle s’élançait dans l’air à toute vitesse, et se mettait, virant et tournoyant, volant de droite et volant de gauche, à célébrer, triomphante, autour de ma tête, la victoire qu’elle avait remportée sur moi.

J’ai fait sur mes mouches, sur leur manière d’être, sur leur mode de jeu, bien d’autres observations dont je ne veux pas vous importuner plus longtemps. Mais, de tous les faits qu’il m’a été donné d’observer et qui ont réellement, durant cette première période de cellule solitaire,