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QUI SERAI-JE QUAND JE REVIVRAI ?

Cela signifie une crise commerciale prochaine, une panique financière peut-être, et que l’armée des sans-travail fournira, l’hiver prochain, de plus longues queues aux distributions de pain des œuvres d’assistance.

On m’a apporté mon petit déjeuner. Cela paraît idiot, mais je l’ai absorbé de bon cœur. Le gouverneur m’a offert lui-même un litre de whisky.

Je l’en ai remercié et lui ai répondu qu’il veuille bien en faire don, de ma part, au Quartier des Assassins. Pauvre gouverneur ! Il craint, si je ne suis pas ivre, que je ne me rebiffe et mette du désordre dans la cérémonie, et que je ne lui adresse, devant les reporters, des reproches sur sa prison.

On m’a mis une chemise sans col…

Il semble que je sois devenu soudain un personnage important. C’est incroyable, le grand nombre de gens qui s’intéressent à moi…

Le docteur vient de sortir. Je lui ai demandé qu’il me tâte le pouls. Les battements sont normaux…

Je jette, au hasard, ces lignes sur le papier. Feuille par feuille, elles sortent des murs de la prison, par une voie secrète.

Je suis l’homme le plus calme de cette prison. J’ai l’air d’un enfant prêt à entreprendre un voyage. J’ai hâte de m’en aller, curieux des pays nouveaux que je dois voir. Pourquoi aurais-je peur de la mort, moi qui, si souvent, suis entré dans les ténèbres de la mort volontaire, pour en ressortir aussitôt ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le gouverneur, à la place du litre de whisky, m’a expédié une bouteille de champagne. Je l’ai envoyée au Quartier des Assassins. Que de considérations l’on a pour moi, en ce dernier jour ! Étrange ! Étrange ! Ces hommes qui vont me tuer sont, j’imagine, épouvantés de ma mort. Ils tiennent à se mettre en règle avec leur conscience et je dois leur paraître un être supérieur ayant déjà le pied dans l’Éternité.