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LA DOUBLE CAMISOLE

bien bu, s’en revint vers les trois morts vivants que nous étions, afin de constater par lui-même la torture que nous étions en train de suer dans nos camisoles de toile.

Il me trouva dans le coma, et s’en alarma. Le docteur Jackson fut mandé et me ramena à l’état conscient, en me mettant sous les narines la morsure de l’ammoniaque.

Je repris mes sens, et le gouverneur Atherton, qui avait la face rouge et la langue épaisse, par suite de sa bombance, gronde :

— Tricherie ! Tricherie encore !

Je passai ma langue sur mes lèvres, pour faire comprendre que je désirais un peu d’eau, afin de pouvoir parler.

Je parvins, non sans peine, à m’exprimer à peu près et prononçai :

— Vous êtes une bourrique, gouverneur ! Une bourrique, un porc, un chien, un être si vil que je ne veux même plus salir ma salive en vous la crachant à la figure ! Jake Oppenheimer s’est montré tantôt moins dégoûté que moi, et je l’en blâme. Un homme doit mieux se respecter.

Il meugla :

Ma patience est à bout, à bout, à bout ! Mais je réussirai quand même à te tuer, Standing…

Je répliquai :

— Vous avez bu, gouverneur ! Prenez garde de parler ainsi devant vos gardiens. Ces chiens de prison vous trahiront quelque jour et vendront la mèche. Et c’est à vous alors qu’il en cuira.

Le vin lui monta à la tête, tant et si bien qu’il perdit toute maîtrise de lui-même.

— Qu’on lui mette une seconde camisole ! ordonna-t-il. Une seconde sur la première ! Tu en crèveras, coquin… Mais pas ici. À l’infirmerie, selon le règlement. À l’infirmerie, où l’on t’emportera avant ton dernier soupir, et d’où tu partiras au cimetière !

Son commandement fut exécuté et, sur ma première