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SUR LE VOLCAN JUIF DE JÉRUSALEM

il sapera la Loi. Vous avez, au nom de Tibère et de Rome, une tâche à accomplir et vous ne pourrez vous y soustraire.

— Et quelle est cette tâche ? interrogea Pilate.

— Faire exécuter ce pêcheur.

Pilate hausse les épaules et la conversation prit fin. Miriam et la femme de Pilate regagnèrent leurs appartements. Moi, j’allai me coucher et je m’assoupis au murmure bourdonnant de la ville des fous.

Dès le lendemain, se précipitaient les événements.

Au cours de la nuit, les esprits, déjà chauffés à blanc, se surchauffèrent encore. Lorsqu’à midi je sortis à cheval, avec une demi-douzaine de mes hommes, les rues de la ville étaient à ce point grouillantes que j’avais peine à m’y frayer un chemin. Plus encore que de coutume, les gens renâclaient à me laisser place et, si les regards avaient pu tuer, j’eusse été bientôt mort. On ne se gênait point pour cracher devant moi, en guise d’insulte, et de toutes les bouches s’élevaient des grognements et des huées. Je portais, pour eux, le harnais de la haine de Rome. Et je n’osais point, de peur d’aggraver encore la situation, ordonner à mes hommes de faire taire tous ces coquins, à coups de plat de glaive. Hanan et Caïphe avaient fait de bonne besogne !

Je croisai Miriam, dans la cohue. Elle allait à pied, suivie seulement par une de ses femmes. Ce n’était point l’heure pour elle, en effet, d’afficher son rang, dans une pareille turbulence. Elle portait donc des vêtements fort simples, comme une femme du peuple, et avait le visage couvert. Je la reconnus cependant à la noblesse de son allure, à sa démarche élégante, si différente de celle des autres femmes.

Nous échangeâmes rapidement quelques mots, tandis qu’un remous de la foule la bousculait et nous bousculait tous, moi, mes hommes et nos chevaux.

Miriam s’abrita dans le retrait d’angle d’une maison et je réussis à l’y rejoindre.