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LE VAGABOND DES ÉTOILES

dans mon existence passée ! Ce n’est pas là un cas pendable…

— C’est un fou dangereux, je le répète ! insista Miriam. C’est un révolutionnaire qui anéantira ce qui reste de l’État juif et renversera le Temple. J’ignore, au surplus, s’il se rend compte exactement de l’œuvre qu’il accomplit et du grain qu’il sème. Mais, conscient ou non, il est un fléau et comme à tout fléau, il convient de lui barrer la route.

Échauffé par cette dispute, je pris le parti de Jésus et déclarai :

— D’après tout ce que j’ai ouï dire de lui, cet homme est un simple, il a le cœur bon et n’a jamais fait le mal.

Et je témoignai de la guérison des dix lépreux, à laquelle j’avais été présent en Samarie, sur la route de Jéricho.

— Vous croyez, alors à ce miracle ? me demanda Pilate, tandis que du dehors arrivaient les clameurs lointaines de la foule, que sans doute refoulaient nos soldats. Vous croyez, Lodbrog, qu’en un instant les plaies corrompues de ces malheureux disparurent ?

— Je les ai vus guéris, répondis-je… Je m’en suis assuré de mes propres yeux.

— Mais les aviez-vous vus malades ?

— Non. Mais chacun, autour de moi, me l’a certifié, et eux les premiers. Ils étaient extasiés. L’un d’eux, assis au soleil n’arrêtait pas d’examiner chaque parcelle de son corps. Il fixait, et fixait encore sa chair lisse, et n’en pouvait croire ses regards. Il restait là, assis au soleil, les yeux rivés sur sa peau, indifférent à toute autre chose.

Pilate eut un sourire de dédain, et je vis que le même scepticisme était empreint sur celui de Miriam. La femme de Pilate, au contraire, se suggestionnait de plus en plus. Elle respirait à peine, les prunelles dilatées.

— Prenez garde, Pilate ! conclut Miriam. Il sapera votre autorité comme celle de Caïphe et d’Hanan, comme