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LE VAGABOND DES ÉTOILES

de ses études de laboratoire, et qui n’avait d’autre intérêt que de découvrir les moyens d’améliorer le sol et de lui faire produire d’avantage.

C’était donc, comme je viens de le dire, uniquement, pour respecter la tradition des Standing que j’étais parti pour la guerre. Je découvris bientôt que je n’avais aucune aptitude à ce métier. Mes officiers s’en rendirent compte comme moi. Ils me transformèrent en secrétaire d’état-major, et c’est comme scribe, assis devant une table, que je fis la guerre hispano-américaine.

Aussi n’est-ce point parce que j’avais le caractère combatif, mais, bien au contraire, parce que j’étais un penseur, que je me dressai contre le mauvais rendement de l’atelier de tissage de la prison. Voilà pourquoi les gardiens me prirent en grippe, pourquoi, mon cerveau continuant à bouillonner, je fus déclaré « incorrigible » et pourquoi, finalement, le gouverneur Atherton, désespérant de moi, me fit amener un jour dans son bureau particulier.

Aux questions qu’il me posa, aux arguments qu’il me développa pour me démontrer que j’étais dans mon tort, je répliquais à peu près, ainsi :

— Comment pouvez-vous supposer, mon cher gouverneur, que vos surveillants et vos geôliers, ces rats étrangleurs, parviendront, par leurs sévices, à faire sortir de ma cervelle, les choses claires et limpides, qui s’y trouvent ancrées. C’est toute l’organisation de cette prison qui est inepte. Vous êtes, je n’en doute pas, un fin politique, vous savez, j’imagine, à la perfection comment se triturent des élections, dans les bars de San-Francisco. Et votre savoir-faire en cette matière, vous a valu pour récompense la grasse sinécure que vous occupez ici. Mais vous ne connaissez pas un traître mot du tissage du jute. Vos ateliers retardent d’un demi-siècle.

Je vous fais grâce du reliquat de mon discours, car c’en était un, bien en règle. Bref, je démontrai péremptoirement au gouverneur, par a plus b, qu’il était un