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CHAPITRE XVII

SEIGNEUR ! SEIGNEUR ! UN PAUVRE MATELOT…

Keijo, la capitale, formait une importante cité, où toute la population, à l’exception des nobles, ou yang-bans, était vêtue de l’éternel blanc. Ceci, m’expliqua Kim, permet de déterminer à première vue, par le degré de propreté ou de saleté de ses vêtements, le rang social de chaque personne. Car il va de soi qu’un coolie, qui ne possède qu’un unique costume, est, fatalement toujours sale. De même, on peut conclure facilement que quiconque apparaît en un blanc immaculé dispose, sans aucun doute, de nombreux effets de rechange et, a sous ses ordres, pour s’entretenir ainsi sans tache, une armée de blanchisseuses. Seuls, les yang-bans, avec leurs soies pâles et multicolores, planent bien au-dessus de cette commune et vulgaire classification.

Après nous être reposés, pendant plusieurs jours, dans une auberge où nous lavâmes notre linge et réparâmes de notre mieux, en nos vêtements, les ravages d’un naufrage et le désordre de notre voyage, nous fûmes appelés devant l’Empereur.

Un grand espace libre s’ouvrait devant le Palais Impérial, qui était précédé de chiens colossaux, en pierre sculptée. Ils étaient accroupis sur des piédestaux ayant deux fois la hauteur d’un homme de grande taille, et ressemblaient plutôt à des tortues, tellement ils s’y aplatissaient.