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LE VAGABOND DES ÉTOILES

battit dans la rue, aux cris de joie de la populace. L’Asiatique est une bête cruelle, qui se délecte, sans se lasser au spectacle de la souffrance.

Puis, à notre grande satisfaction, les bastonnades prirent fin. L’arrivée de Kim en fut la cause.

Qui était Kim ? Je dirai seulement de lui qu’il était le cœur le plus pur que nous ayons jamais rencontré en Corée. Il était alors capitaine, et commandait cinquante hommes, lorsque nous fîmes sa connaissance. Ensuite il devint commandant des Gardes du Palais. Et, finalement, il mourut pour l’amour de Lady Om et pour le mien. Qui était Kim ? Il était Kim, et c’est tout dire.

Sitôt son arrivée, nos cous furent délivrés de leurs carcans et nous fûmes logés à la meilleure auberge du lieu. Sans doute nous étions encore des prisonniers. Mais des prisonniers honorables, avec une garde d’honneur, de cinquante cavaliers.

Le lendemain, nous cheminions sur la grande route royale, seize marins montés à califourchon sur seize chevaux nains, comme il s’en trouve en Corée, et nous nous dirigions vers Keijo. L’Empereur, m’explique Kim, avait exprimé son désir d’abaisser son regard sur les étranges « Diables des Mers ».

Le voyage dura plusieurs jours, car il fallait traverser, du nord au sud, la moitié du territoire coréen.

À la première halte, étant descendu de selle, j’allai voir donner la pitance à nos montures. C’était le cas ou jamais de crier : « Et quoi encore, Vandervoot ? » Je ne m’en fis pas faute et tous accoururent. Aussi vrai que je suis vivant, les gens de notre escorte nourrissaient leurs chevaux avec de la soupe aux févettes, de la soupe aux févettes chaude, encore et encore. Et, durant tout le temps de notre voyage, les chevaux n’eurent rien autre chose que de la soupe aux févettes.

C’étaient, je l’ai dit, des chevaux nains, on ne peut plus nains. L’ayant parié avec Kim, j’en soulevai un et, en dépit de ses hennissements et de sa résistance, je l’enle-