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LE VAGABOND DES ÉTOILES

tions, ma mère me fit sur-le-champ coucher à plat, près du bébé.

Je regardais, du coin de l’œil, Silas Dunlap. Il agonisait encore lorsque le bébé des Castlelon fut tué. La petite Dorothée Castleton, qui n’avait que dix ans, tenait le bébé dans ses bras. Elle ne fut pas atteinte. J’entendis que l’on disait autour d’elle que la balle avait dû rebondir sur le toit d’un des chariots et, retombant de là dans la grande fosse, frapper l’enfant par ricochet. Ce n’était là qu’un simple hasard et, sauf les accidents de ce genre, affirmait-on, nous étions en sûreté.

Je retournai mon regard vers Silas Dunlap. Il ne bougeait plus. Ce n’était pas de chance pour moi ! Je n’avais jamais vu personne au moment précis de sa mort, et j’eusse été curieux de ce spectacle.

La petite Dorothée Castleton eut une crise de nerfs. Elle cria et hurla avec une telle persistance qu’elle engendra une crise semblable chez Mrs. Hasting. En entendant ce boucan, mon père envoya vers nous Watt Cuming, qui arriva en rampant et demanda ce qui se passait, puis s’en retourna.

La nuit était déjà noire lorsque le feu de l’assaillant cessa, et il n’y eut plus, comme la veille, que quelques coups isolés. Deux de nos hommes furent blessés au cours de cette seconde attaque, et on les ramena dans la grande fosse. Bill Tyler fut tué et, dans les ténèbres, il fut, ainsi que Silas Dunlap et le bébé Castleton, enterré le long des autres morts.

Des hommes se relayèrent, toute la nuit durant, pour creuser le puits plus profondément. Mais ils ne rencontrèrent, en fait d’eau, que du sable humide. D’autres hommes se risquèrent à aller quérir à la source quelques seaux d’eau. Mais on tira sur eux et ils durent renoncer, après que Jérémie Hopkins eut eu la main gauche sectionnée, à la hauteur du poignet, par une balle.

Le lendemain (c’était le troisième jour où nous étions assiégés), la chaleur et la sécheresse étaient pires que