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LE VAGABOND DES ÉTOILES

enfants à nourrir. La Californie est encore loin ! Nous n’y serons pas avant plusieurs mois, car voici l’hiver qui approche. Et il n’y a plus que du désert devant nous Comment l’affronter, si nous n’avons pas de vivres ?

Il s’interrompit un moment, puis reprit, en s’adressant à la foule :

— Vous ne savez pas, j’imagine, ce qu’est le désert ? Le pays où nous sommes n’est pas le désert. C’est moi qui vous le dis, c’est ici le paradis, et tout ce qu’il y a de mieux en pâturages, en miel et en lait, en comparaison de ce qu’il nous faut affronter !

Il se retourna vers mon père.

— Capitaine, je le répète, il nous faut à toute force obtenir de la farine. S’ils ne veulent pas nous en vendre, alors nous n’avons qu’à nous lever tous et à aller la prendre !

Bien des hommes et bien des femmes poussèrent des cris d’approbation. Mon père étendit sa main au-dessus d’eux et les fit taire.

— Je suis, dit-il, entièrement d’accord avec vous, Hamilton…

Les cris reprirent de plus belle et lui coupèrent la parole. Il étendit sa main à nouveau.

— … Sauf sur un point ! continua-t-il. Un point qui a son importance… Brigham Young a déclaré par tout le pays la loi martiale. Et Brigham Young dispose d’une armée. Nous pouvons, certes, effacer Nephi de la surface du monde, en moins de temps que n’en prend un agneau pour remuer la queue, et nous emparer de toutes les provisions que nous sommes capables d’emporter ! Mais nous n’irons pas loin avec notre butin. Les Saints de Brigham et leur chef s’abattront sur nous et, avant que l’agneau n’ait une seconde fois remué sa queue, nous serons, à notre tour, anéantis. Vous savez cela, Hamilton, aussi bien que moi. Tout le monde le sait ici.

Chacun en effet, était de son avis. Il n’apprenait rien à personne. Ses compagnons, dans le trouble de la situa-