vaux. Je donnerais je ne sais quoi pour en posséder un quelque jour.
— C’est curieux, répondit Billy. C’est précisément de cette façon-là que je les aime aussi. Le patron prétend que je suis un connaisseur, et moi je sais que lui-même n’y entend rien, absolument rien. Pourtant il possède deux cents gros chevaux de trait outre cette paire pour l’attelage léger, et moi pas un seul.
— Pourtant c’est Dieu qui fait les chevaux, dit Saxonne.
— Ce n’est certainement pas le patron. Alors pourquoi en a-t-il tant ? Deux cents, je vous dis. Il croit aimer les chevaux. À vrai dire, Saxonne, toute sa cavalerie lui inspire moins d’intérêt que je n’en éprouve pour le moindre poil de la plus petite queue de la dernière de ses rosses. Malgré cela, c’est à lui qu’ils appartiennent. Ne trouvez-vous pas cela scandaleux ?
— Je vous crois ! affirma Saxonne en riant. Moi j’adore les chemisettes de fantaisie, et je passe ma vie à repasser les plus belles que j’aie jamais vues. C’est drôle, mais ce n’est pas juste.
Billy serra les dents dans un nouvel accès de colère.
— Et la façon dont certaines de ces femmes se procurent leurs chemisettes ! Ça me fait mal au cœur de penser que vous les repassez. Vous savez ce que je veux dire, Saxonne. Inutile de disserter là-dessus. Vous le savez, je le sais, chacun le sait. Et nous sommes dans un triste monde si l’on ne peut parfois causer de ces choses entre hommes et femmes.
Il avait presque l’air de s’excuser, mais d’un ton de défi.
— Je ne parle jamais ainsi aux autres jeunes filles. Elles croiraient que j’entretiens des intentions à leur égard. Ça me rend malade de les voir toujours chercher des sous-entendus. Mais vous êtes différente. Je puis vous parler ainsi, et je sens que je le dois. On peut y aller carrément. Vous êtes comme Billy Murphy, ou tout autre avec qui un homme peut causer.