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CHAPITRE X

PROMENADE


— Je ne m’y connais pas en chevaux, dit Saxonne. Je n’en ai jamais monté aucun, et quand par hasard j’ai essayé de conduire, il n’y en avait qu’un seul, et encore il était boiteux, ou buttait à chaque pas, ou quelque chose de ce genre. Mais je n’en ai pas peur. Je les aime beaucoup, et je crois les aimer de naissance.

Billy lui jeta un regard d’admiration.

— Ah ! vous êtes de bonne qualité, vous. Voilà ce que j’apprécie chez une femme, du cran. Certaines jeunes filles que j’ai emmenées en promenade, je vous le dis entre nous, me rendaient malade ; toujours bâties sur le même modèle : nerveuses, tremblantes, criardes et irrésolues. Moi, j’en suis pour la fillette brave qui aime les poneys. Sur ma parole, Saxonne, vous êtes de bonne étoffe. C’est un vrai plaisir de causer avec vous. Avec les autres, je me sens comme un mollusque. Elles ne savent rien de rien et elles ont la frousse tout le temps. Enfin, vous devez me comprendre.

— Il faut que l’amour des chevaux vienne de naissance, sans doute, répondit-elle. Peut-être ce qui me les fait aimer, c’est que je pense toujours à mon père sur son chargeur rouan. Quoiqu’il en soit, j’en raffole. Quand j’étais toute petite, j’en dessinais tout le temps, et ma mère m’y encourageait. J’ai un album presque rempli de ces dessins. Savez-vous, Billy ? je m’imagine parfois