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attends un peu que Charley Long lui tombe dessus, nous verrons !

— Oh ! je ne sais pas trop, intervint Tom. D’après que j’ai entendu dire, Bill Roberts est assez à la hauteur.

Saxonne sourit d’un air entendu, et Sarah, surprenant ce sourire, en devint furieuse.

— Pourquoi ne pas te marier avec Charley Long ? Il est fou de toi, et ce n’est pas un ivrogne.

— Je crois qu’il boit bien sa part de bière, répliqua Saxonne.

— C’est vrai, confirma son frère. Et en outre, je sais positivement qu’il en a toujours un baril chez lui.

— Probablement que tu en as pompé ta part, aboya Sarah.

— Ça se peut, répondit Tom, s’essuyant rétrospectivement la bouche avec le revers de sa main.

— Eh bien, il peut bien se payer un baril chez lui s’il en a envie, dit-elle en renouvelant l’attaque, cette fois contre son mari aussi. Il paie ce qu’il doit, et certainement il gagne de bonnes journées, meilleures que bien d’autres hommes, en tous cas.

— Et il n’a pas de femme ni d’enfants à entretenir, riposta Tom.

— Ni d’éternelles cotisations à verser en pure perte aux syndicats.

— Oh, que si ! répondit Tom allègrement. Il ne travaillerait guère dans cette boîte, ni dans aucune autre d’Oakland, s’il ne se tenait pas en bons termes avec l’Union des forgerons. Tu n’y comprends goutte aux conditions du travail, Sarah. Les syndiqués doivent se soutenir, s’ils ne veulent pas crever de faim.

— Oh, naturellement, renifla Sarah. Je ne comprends rien. Je n’ai pas de cervelle. Je suis une sotte, et tu ne te gênes pas pour me le dire devant mes enfants.

Elle se tourna comme une furie vers son aîné, qui sursauta et fit un pas en arrière.

— Willie, ta mère est une imbécile, tu entends ? Ton