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solides comme des bœufs soutenir un dur combat et mourir dans l’année, de la poitrine, ou d’une maladie de reins, ou de toute autre. À quoi cela sert-il ? Leur argent ne peut racheter ce qu’ils ont gaspillé. Voilà pourquoi j’ai quitté le ring et je suis retourné conduire des attelages. Je suis de bon tissu, et je veux me conserver en bon état, voilà tout.

— Vous devez être fier de vous savoir maître des autres hommes, dit-elle doucement, consciente qu’à elle-même cette force et cette habileté inspiraient de l’orgueil.

— C’est vrai, reconnut-il franchement. Je suis content d’être entré dans le jeu, et je suis également content de l’avoir quitté… Oui, j’y ai appris beaucoup de choses, entre autres à garder les yeux bien ouverts et la tête froide. Oh ! j’ai un caractère, un amour de caractère ! Parfois, je me fais peur à moi-même. Autrefois je me laissais toujours emporter. La lutte m’a appris à maintenir la vapeur sous pression et à ne pas faire ce que j’aurais à regretter ensuite.

— Comment ! mais de tous les hommes que je connais, vous avez le caractère le plus doux et le plus facile, s’écria-t-elle.

— Ne le croyez pas. Donnez-vous seulement la peine de m’observer et parfois vous me verrez bouillir au point que je ne sais plus ce que je fais. Je suis effrayant quand je m’y mets.

Cette assurance tacite de la continuation de leurs relations fit éprouver à Saxonne un petit frisson de joie.

— Dites, lui demanda-t-il comme ils approchaient de son quartier à elle, que faites-vous dimanche prochain ?

— Rien : je n’ai pas de projets.

— Eh bien ! si nous allions faire une promenade en buggy toute la journée dans la montagne ?

Elle ne répondit pas tout de suite, car pour le moment elle revivait le cauchemar de sa dernière course en buggy ; la terreur qui l’avait fait sauter de la voiture ;