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— Est-ce que vous désirez danser avec lui ? demanda Billy.

Elle secoua négativement la tête.

— J’en suis fâché, camarade, mais il n’y a rien à faire, dit Billy, se disposant de nouveau à partir.

Mais pour la troisième fois le forgeron se mit en travers.

— Ôtez votre pied de là, dit Billy. Vous me montez dessus.

Long fit le geste de se lancer sur lui, les poings fermés, un bras retiré en arrière pour porter le coup, en même temps que les épaules et la poitrine étaient projetées en avant. Mais il se contint à la vue de ce corps parfaitement immobile et de ces yeux tranquilles et mystérieux. Billy n’avait pas bronché, ni d’esprit ni de muscle. Il semblait inconscient de l’attaque imminente. Ceci représentait pour Long une expérience nouvelle.

— Peut-être ne savez-vous pas qui je suis ? cria-t-il d’un ton de matamore.

— Oh, si ! répondit Billy d’un air détaché. Vous êtes un batailleur consommé. Vous mériteriez la ceinture de diamant de la Gazette de Police pour votre façon d’assaillir les voitures de bébés. Je parie qu’il n’y en a pas une qui vous fasse peur.

— Laisse-le tranquille, Charley, conseilla un des jeunes gens qui faisaient cercle autour d’eux. C’est Bill Roberts, le boxeur. Tu sais bien, le grand Bill.

— Quand même ce serait Jim Jeffries, je m’en moque. Il n’a pas le droit d’intervenir de cette façon dans mes affaires.

Néanmoins il était manifeste, même pour Saxonne, que sa flamme avait perdu de sa virulence. Le nom de Billy semblait produire un effet calmant sur les mâles tapageurs.

— Le connaissez-vous ? demanda Billy à Saxonne.

Des yeux elle fit signe que oui, mais elle se sentait prête à crier toute sa rancœur contre ce persécuteur incessant. Billy se retourna vers le forgeron.