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et obtint sa promesse de venir danser avec lui à la salle Germania le vendredi soir.

— Je n’avais pas l’intention d’y aller, déclara-t-il, mais si vous dites oui… Bert sera là aussi.

Le lendemain, en travaillant, Marie lui confia qu’elle et Bert avaient pris rendez-vous pour la salle Germania.

— Y vas-tu ? demanda Marie.

Saxonne fit un signe affirmatif.

— Avec Billy Roberts ?

Elle répéta le signe, et Marie, le fer en l’air, la regarda longtemps et curieusement.

— Dis donc ! Et si Charley Long s’amène ?

Saxonne haussa les épaules. Elles repassèrent rapidement et en silence pendant un quart d’heure.

— Eh bien ! décida Marie, s’il s’amène, il trouvera à qui parler. Je voudrais qu’il prenne quelque chose pour son rhume, le gros butor ! Tout cela dépend des dispositions de Billy… je veux dire, à ton égard.

— Je ne suis pas une Lily Sanderson, répondit Saxonne avec indignation. Je ne donnerai jamais à Billy l’occasion de me plaquer.

— Il l’aura pourtant, si Charley Long vient. Tu peux m’en croire, Saxonne, Charley n’est pas un garçon comme il faut. Regarde ce qu’il a fait à M. Moody, qui a reçu une raclée formidable ; un petit homme tranquille, pourtant, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. Mais en Billy Roberts, Charley trouvera quelque chose de tout différent.

Ce soir-là, à la porte de la blanchisserie, Charley Long attendait Saxonne. Quand il s’avança à sa rencontre et se mit à marcher auprès d’elle, elle éprouva la palpitation d’angoisse qu’il lui inspirait depuis longtemps. Sa figure pâlit d’appréhension rien qu’à le regarder. Elle était effrayée par son énorme masse ; par ses gros yeux bruns, dominateurs et pleins d’assurance ; par ses grosses mains de forgeron aux doigts épais, avec des touffes de poils jusque sur les phalanges. L’homme était